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Case Studies
Moqueries, dessins insultants et bagarres à l'encontre d'un élève studieux âgé de 15 ans
Quand et comment l’événement a débuté ? Comment l’école l’a détecté ?
Les faits se déroulent au cours de l’année scolaire 2010-2011, dans une classe de 4ème année d’enseignement secondaire technique artistique.
L’élève harceleur avait déjà été détecté comme un élève perturbateur et la classe était difficile. On percevait une mauvaise entente.
Les deux groupes de la classe se défiaient et se mesuraient depuis quelque temps. Certains élèves se plaignaient de l’attitude et des remarques de l’élève harceleur.
Un jour, un dessin insultant et évocateur (caricature à évocation sexuelle de l’élève harcelé) a circulé en salle d’étude.
Par la suite, il y eu des remarques, des moqueries, adressées en particulier à l’élève harcelé, qui était un peu le représentant du groupe des studieux.
Finalement, l’élève harcelé a débordé lors d’un cours en classe-atelier (où chaque élève a besoin de toute sa concentration pour réaliser son projet). Le groupe du harceleur faisait des bruits d’animaux et perturbait le cours. Il y a eu un affrontement entre les deux élèves. L’élève harcelé a finalement saisi l’élève harceleur à la gorge et lui a planté la tête sur le banc.
Les principaux acteurs impliqués ?
Deux garçons âgés de 15 ans.
Deux groupes dans la classe : un groupe plus « cool » auquel appartient l’élève harceleur et un groupe plus studieux, qui ne supporte plus les perturbations, auquel appartient le harcelé.
La durée des événements ?
De mi-novembre aux vacances de Pâques, soit 5 mois.
Le type d’actes de harcèlement survenus ?
Au départ, un dessin insultant. Par la suite, des remarques et des moqueries. Enfin, une empoignade musclée entre les deux élèves.
Actions entreprises ? Stratégie mise en place par l’école pour combattre le fait de harcèlement ?
Par rapport à l’élève harceleur (appuyé par deux suiveurs), il y avait un contexte de perturbation régulière des cours.
Cet élève était déjà sous contrat de discipline d’une façon générale par rapport à son comportement en classe. Ce contrat comportait notamment « le respect des condisciples ». Il était donc régulièrement évalué.
Lorsque les remarques déplaisantes étaient entendues par le professeur et rapportées, elles étaient sanctionnées.
Il avait également reçu 4h de retenue pour le dessin insultant qu’il niait avoir exécuté.
La préfète de discipline est directement mise au courant de l’empoignade par les élèves de la classe et un rapport d’incident est rédigé par le professeur.
La préfète informe les parents de l’incident et recevra le papa de l’élève harcelé pour une mise au point.
Les deux élèves fautifs sont immédiatement sanctionnés : le harceleur reçoit 4h de retenue pour la perturbation de la classe-atelier, le harcelé reçoit un jour de renvoi, le lendemain, pour son acte de violence.
La préfète organise également une médiation entre les deux élèves (avec les conseils de la médiatrice scolaire présente dans l’établissement). Deux jours plus tard, démarre un voyage de classe d’une semaine et l’école ne souhaite pas en exclure les deux élèves.
Au cours de la médiation, les élèves s’exprimeront sur leur ressenti, leurs besoins ainsi que les solutions de sortie de crise. Un « gentlemen agreement » est conclu et signé par les deux élèves. Il porte sur le respect des condisciples et des conditions de travail en classe.
Les deux élèves seront du voyage et il n’y aura plus d’incident.
Il y a aura, toutefois, une intervention de la Médiation Scolaire à l’égard de l’élève harcelé, car celui-ci montrait des difficultés à s’intégrer et une certaine fragilité.
Le but de l’intervention du SMSW étant d’aider cet élève à trouver sa place dans le groupe classe et de réagir de façon appropriée et validée par le groupe. Il y a notamment eu des petites mises en situation avec l’intervenante du SMSW.
Sur le parcours scolaire ?
Les deux élèves ont échoué en fin d’année. Le harceleur a laissé entendre qu’il changerait d’établissement pour l’année scolaire suivante mais est finalement revenu. L’élève harcelé est lui-aussi resté à l’école.
Ils ont été placés dans deux classes différentes. Ils sont à l’heure actuelle tous deux en situation de réussite. Le conseil de classe a remarqué une amélioration dans le comportement et l’intégration des deux élèves.
Sur la santé mentale ? Sur l’intégration scolaire ?
L’élève harcelé qui montrait des signes de fragilité et des difficultés d’intégration dans la classe a été suivi par le SMSW (Service de Médiation Scolaire de Wallonie).
Sur l’environnement scolaire ? …
Mauvaise ambiance de travail en classe. Méfiance permanente entre les élèves.
Après l’empoignade, l’ambiance s’est améliorée, en tous cas, il n’y a plus eu de faits signalés. De plus, l’année touchait à sa fin.
Sa perception des causes de l’événement de harcèlement ?
L’élève harcelé ne s’est pas exprimé sur ce point.
Il faisait partie du groupe plus studieux et soucieux de bien faire. Il a endossé un rôle de redresseur de torts.
Au niveau physique, cet élève semble relativement fragile. Il semble peu sûr de lui dans sa façon de parler (bafouille lorsqu’il s’énerve).
Il a un sens aigu de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. Il ne supporte pas l’injustice.
Il attend beaucoup de réponses de l’adulte et si rien ne se passe, il intervient maladroitement et se met en danger.
A-t-elle informé quelqu’un ?
Les parents ainsi que l’équipe éducative étaient au courant.
De quelle aide a-t-elle eu besoin et de la part de qui ?
La médiation scolaire est intervenue pour aider cet élève à trouver sa place dans le groupe classe ainsi qu’à réagir de manière appropriée.
Leur motivation, le choix des victimes ?
L’élève harceleur ne s’est pas exprimé sur ce point.
Il semble faire partie d’un milieu social aisé. Ses parents sont séparés. D’après sa maman, le papa a peu de contacts avec son fils (il vit à l’étranger), il y a une forme de rejet. Elle pense que son fils n’est pas très heureux.
Il semble avoir besoin d’exister. Il ne supporte pas les donneurs de leçons.
Ont-ils des remords ?
L’élève harceleur n’a pas fait preuve de remords. Il a tendance à se poser en victime (suite à l’empoignade) et à minimiser ses propres actes. Il a émis quelques regrets et a fait quelques excuses. On n’a pas eu l’impression d’une grande remise en question de sa part.
Etaient-ils conscients de ce qui se passait ? Qu’ont-ils fait ?
Ils ont plus réagi par rapport au dessin et à l’empoignade (qui les a choqués). Ils étaient également touchés par l’ambiance de classe et le non respect des conditions de travail.
Ils se sont régulièrement plaints auprès de la préfète du comportement du harceleur (bruyant, agaçant, perturbateur,…).
Leur perception des causes ?
Pour eux, l’élève harceleur dysfonctionnait, surtout dans son attitude face au travail et dans son manque de respect de la discipline.
Etaient-ils conscients de la situation ? Qu’ont-ils fait ? Comment ont-ils compris ce qui se passait ?
Les enseignants vivaient la situation principalement par rapport aux débordements de l’élève harceleur à leur encontre. L’élève était sous contrat, ils l’avaient « à l’œil ».
Quelle coopération ont-ils reçue de la part des autres professeurs et de la direction ?
La classe fonctionnait mal. Trois élèves perturbateurs, dont le harceleur, avaient été identifiés.
La direction et la préfète avaient été sollicitées dans le cadre des conseils de classe convoqués spécialement sur ces trois élèves. Ceux-ci avaient dû s’y présenter et avaient été mis sous contrat disciplinaire.
Tous les professeurs du conseil de classe étaient concernés et régulièrement présents aux conseils de classe d’évaluation des contrats.
Etaient-ils conscients de ce qui se passait ? Qu’ont-ils fait pour gérer cet événement ?
La direction était au courant de la situation et se renseignait régulièrement sur son évolution. Elle a avalisé les décisions de la préfète et organisé les conseils de classe spéciaux.
Que faut-il faire selon eux pour améliorer la situation ?
L’adulte doit prendre sa place de meneur de jeu. Ce n’est pas toujours facile, par exemple lors des cours techniques. (locaux plus vastes et élèves disséminés dans la classe).
Ont-ils remarqué ce qui arrivait ? Ont-ils été informés et par qui ?
Les parents ont été informés par leurs enfants ainsi que par la préfète lors de l’empoignade. Ils ont été convoqués pour une mise au point.
Le père de l’élève harcelé a signalé que lui aussi avait des difficultés relationnelles dans son milieu professionnel.
Ont-ils eu la possibilité de modifier la situation et comment ?
Les parents ont accepté les sanctions ainsi que la médiation organisée par la préfète.
Les parents de l’élève harceleur n’ont pas porté plainte à la suite de l’empoignade.
S’ils étaient conscients de la situation qu’ont-ils fait ?
Il y avait eu une demande au CPMS suite à l’intervention d’élèves qui se plaignaient du manque de sérieux et de remarques déplaisantes de certains élèves en classe. Le CPMS a proposé aux élèves victimes d’être entendus et de travailler sur les réponses à donner face à certaines attitudes. Cette proposition est restée sans suite.
La médiation scolaire est intervenue au niveau de la préfète (conseils pour le règlement du problème) ainsi qu’à l’égard de l’élève harcelé (prise en charge pour l’aider à trouver sa place dans le groupe).
Comment pourraient-ils améliorer la communication et la coopération ?
La psychologue du CPMS est régulièrement appelée pour des médiations entre élèves.
Le PO ?
Le PO n’a pas été informé. Il n’intervient qu’en cas d’exclusion définitive.
Sur la véracité du harcèlement ?
Il s’agit bien d’un cas de harcèlement : agressions diverses, dans l’intention de nuire, pendant plusieurs mois. Mais ce cas est surtout emblématique de la victime qui devient, à son tour, agresseur. Une victime qui explose et commet un acte insensé.
Sur les causes de l’événement et le mécanisme qui a rendu possible le phénomène ?
L’élève harcelé a un physique et une façon de parler qui dénotent un certain manque d’assurance. Cet élève a un certain sens de la justice et se met en danger en endossant un rôle de justicier.
D’autre part, l’élève harceleur a une image plus « mode », dans sa façon de s’habiller. Il fait preuve d’assurance et sait argumenter son propos, même s’il n’est pas toujours juste.
L’élève harcelé n’a pas beaucoup d’aplomb. Lorsqu’une situation lui semble injuste, il attend beaucoup de la part de l’adulte, sinon il prend les choses en mains mais n’a pas toujours l’attitude adéquate.
L’élève harceleur s’est permis certains débordements dans certains contextes et n’a pas été suffisamment rappelé à l’ordre, ce qui a amené le harcelé à prendre « certaines responsabilités ».
Certains professeurs ont la possibilité d’être plus vigilants par rapport au cadre. D’autres hésitent à intervenir dans des conflits d’élèves de peur d’empirer les choses.
Des éléments de contexte géographique et de cours ont également favorisé l’incident.
Celui-ci a eu lieu lors d’un cours de classe-atelier d’une durée de 4h, qui a un rythme tout-à-fait différent d’une classe normale avec cours ex-cathedra. Il n’y a pas de récréation, certains travaillent en écoutant de la musique, … Les élèves ont un dessin à réaliser. Ils sont livrés à eux-mêmes et doivent gérer le travail.
Le local de classe n’est pas grand, il a des vitres sans teint, une lumière artificielle et surtout une très mauvaise acoustique (beaucoup de résonance). La moindre perturbation est dérangeante pour tout le monde.
Il y a déjà eu trois incidents dans ce local, mais impossible d’en changer, car l’école coince au niveau des bâtiments.
Sur la réponse apportée par l’école ? Sur le type de réponse apportée par l’école (disciplinaire ou éducative) ?
La journée de renvoi infligée à l’élève harcelé est une sanction forte, mais les écoles sont très réactives par rapport à la violence. On ne peut, en effet, légitimer la violence.
Cette sanction paraît aussi disproportionnée par rapport aux 4h de retenue de l’élève harceleur. Dans la mesure où les deux élèves ont commis une faute grave, on aurait pu s’attendre à ce qu’ils reçoivent la même sanction.
L’appel aux services externes pour soutenir l’élève harcelé est adéquat.
On peut regretter qu’il n’y ait pas eu d’intervention de la direction auprès de l’ensemble du « groupe-classe », pour « marquer le coup », pour rappeler aux élèves les règles de fonctionnement de l’école : droit à la sécurité et au bien-être pour chacun.
On constate que le contrat disciplinaire de l’élève harceleur a plus ou moins bien fonctionné, malgré son évaluation régulière. Mais, on ne peut pas s’attendre à un changement radical parce qu’on met en place un contrat. C’est un système d’aide, et il faut aussi pouvoir voir les choses qui s’améliorent et qui vont bien.
Un travail avec le harceleur aurait vraiment été intéressant, il aurait fallu le rendre preneur, mais il n’y avait pas de remise en question de sa part (par exemple n’a pas reconnu être l’auteur du dessin). Il s’est calmé, mais n’en pensait pas moins.
Sur les enseignements tirés, sur les mécanismes de prévention à mettre en place pour que « cela n’arrive plus »?
L’école apporte des réponses au « cas par cas », le plus souvent à de simples disputes. Les véritables faits de harcèlement sont très peu nombreux.
Il n’y a pas de politique globale menée par l’école en cette matière. Celle-ci fait régulièrement appel au CPMS ainsi qu’à la médiation scolaire pour la résolution des problèmes.
Toutefois, une information des élèves et des professeurs sur les différentes formes de harcèlement et leur implication est à envisager. L’école en est bien consciente. Il faut maintenant passer aux actes.
D’autres dispositifs d’information et de conscientisation existent déjà au sein de l’école à l’égard des assuétudes (cannabis, cigarette) ainsi que concernant l’éducation affective et sexuelle (en 2010, l’école a compté 5 élèves enceintes).
Comments about this Case Study
Date: 13.03.2012
Posted by: Marian Tataru
Type of school: Vocational School, School Group of Arts and Trades HUSI
Country: ROMANIA
Un eleve abusif, qui etait détecté comme un élève perturbateur de la classe, a realise un dessin inapproprie adresse a un autre eleve et, suivi par deux autres collegues, ont lance des moqueries et des insultes. L'eleve insultee a reagi d'une maniere violente et l'a plante tete contre le pupitre.
A mon avis, l'ecole a pris en charge et a bien monitorise le cas, mais en tenant compte du contexte affectif et familial en ce qui concerne les deux eleves impliques, il est necessaire de l'intevention avisee d'un psychologue ou bien d'un psychothérapeute. Je pense aussi qu'une confrontation supervisee avec les deux eleves, ou ils ont la possibilite d'exprimer leur point de vue est necessaire. Cela peut aider chacun d'empatiser et de comprendre le point de vue de l'autre,ce qui peut aider a équilibrer deux points de vue differents.
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