Lifelong Learning Programme

This project has been funded with support from the European Commission.
This material reflects the views only of the author, and the Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained therein

Also available in:

"I Am Not Scared" Project

Homepage > Case Studies > Document

Case Studies

TITLE OF THE CASE STUDIES:

Racket et menaces envers un nouvel élève dans l'enseignement spécialisé

SCENARIOS OF BULLYING EVENT::
  • Direct bullying
CAUSES OF BULLYING EVENT::
  • Non-especific
FACTUAL DESCRIPTION OF THE BULLYING EVENT:

Quand et comment l’événement a débuté ? Comment l’école l’a détecté ?
Les faits se déroulent dès le début de l’année scolaire 2011-2012, dans une classe du deuxième cycle de l’enseignement secondaire spécialisé. Ce type d’enseignement accueille des élèves présentant un handicap mental et/ou comportemental.
La classe ne comporte que des garçons, âgés de minimum 15 ans.
Un nouvel élève a rejoint la classe. Il fume et propose amicalement des cigarettes aux autres élèves, s’imaginant, qu’en retour, il en recevra lui aussi.
Très vite le geste de courtoisie se transforme en demande récurrente de la part de trois garçons « passe-moi une clope ».
Le phénomène s’amplifie, 3, 4, 5 fois par jour (avant l’heure devant l’école, à 10h, à midi, après l’école, …), sans jamais de retour.
La victime commence à en avoir marre, mais ne sait pas bien l’exprimer. Le garçon devient nerveux, se renferme, détruit son travail à l’atelier.
Un éducateur repère le manège et intervient pour le faire cesser.
Le harcèlement prend alors un tour plus discret et les menaces apparaissent : « si tu en parles, je te frappe ».
Malgré tout, la victime en parle à sa maman qui contacte le Directeur. Elle l’informe que « son fils se fait racketter ».
Pour régler le problème, le Directeur va faire appel au « conseil de citoyenneté » mis en place dans l’école.
Soucieuse de canaliser la violence et déterminée à enrayer ce phénomène dans le respect des droits de l’homme, cet établissement scolaire à mis en place le dispositif « école citoyenne ». Dans cette démarche, les élèves construisent les lois et les font respecter grâce à un « conseil de citoyenneté » élu démocratiquement.
Le harcèlement a été détecté le 20 septembre. Il a duré une quinzaine de jours.

Les principaux acteurs impliqués ?
Une victime que nous appellerons Dorian.
Trois harceleurs, dont l’auteur principal que nous appellerons Kevin.
Profil des harceleurs
Le premier harceleur, l’auteur principal, Kevin, a un passé difficile. Il est sorti d’un IPPJ (Institution Publique de Protection de la Jeunesse – centre fermé qui resocialise les jeunes délinquants) peu avant les vacances scolaires et est suivi par un éducateur d’insertion pour sa rentrée en famille et son intégration scolaire.
En famille, il est livré à lui-même. Il s’est trouvé une « bande » qui l’influence négativement et le protège.
A l’école, il se doit d’être irréprochable (arriver à l’heure, participer au cours, avoir un comportement correct, …), sinon il pourrait retourner à l’IPPJ.
Le second harceleur est impressionnant car il est grand et fort. Il a une réputation de caïd. Mais, s’il intimide, il n’agit pas spécialement.
Le troisième harceleur « roule les mécaniques », mais est un « suiveur ». Il est plus limité intellectuellement que ses congénères.

La durée des événements ?
Plus ou moins 15 jours.

Le type d’actes de harcèlement survenus ?
Racket, menaces.

RESPONSE IMPLEMENTED:

Actions entreprises ? Stratégie mise en place par l’école pour combattre le fait de harcèlement ?
Le directeur rencontre Dorian et lui explique le fonctionnement du « conseil de citoyenneté ». Il le rassure, car celui-ci a peur d’être une « balance ».
L’éducateur prend le relais du Directeur pour convaincre Dorian de participer au « conseil de citoyenneté ».
L’éducateur veut y faire une mise en garde aux harceleurs. Dans un premier temps, il n’est pas question de sanction, mais de prévention.
Dorian se présente très nerveux au « conseil de citoyenneté », où on discute tous ensemble autour d’une table. Il y est confronté à ses racketteurs, les uns après les autres. Il leur exprime son sentiment, à savoir qu’il aimerait qu’on lui rende la pareille lorsqu’il offre une cigarette. L’éducateur mise sur la prise de conscience des agresseurs, ainsi que sur leur bonne foi.
Ceux-ci reconnaissent les faits. Toutefois, Kevin le prend mal, car il est surveillé par son éducateur d’insertion et il sait qu’un retour en IPPJ est possible. Il poursuivra le harcèlement. Le deuxième harceleur promet, quant à lui, de faire un effort. Au cours de la journée, il va s’excuser auprès de Dorian et lui serre la main. Le troisième harceleur, le suiveur, se propose lui aussi de faire un effort.
A la suite de ce premier « conseil de citoyenneté », les « mousquetons noirs » (les bons citoyens de « l’école citoyenne ») prennent en charge Dorian. Ils veillent sur lui de loin et lui servent, en quelque sorte, de protecteurs.
Un deuxième « conseil de citoyenneté » est organisé le 29 septembre en l’absence de la victime et des agresseurs. Sont présents : les professeurs, les éducateurs, les « mousquetons noirs ». Ces derniers confirment que le harcèlement continue. Ils ont pris l’initiative d’en parler avec Kevin, mais sans résultat. L’éducateur confirme aussi l’escalade. Le conseil décide alors de passer à une phase de sanction.
Pour ce faire, un troisième « conseil de citoyenneté » est convoqué. Sont présents : le Directeur, l’éducateur, le titulaire, certains professeurs, dont le professeur d’atelier (avec lequel Kevin passe près de 20h par semaine) qui avait pris fait et cause pour Kevin, ainsi que l’éducateur d’insertion et Kevin.
On lui rappelle les faits ainsi que la mise en garde qui lui a été faite.
Avec l’aide de l’éducateur d’insertion, le conseil lui fait comprendre que son comportement est inacceptable, tout en positivant sur ses travaux scolaires.
Une sanction/réparation lui est infligée. Il doit s’excuser de manière sincère auprès de Dorian et accepter la légitimité de la démarche effectuée par celui-ci auprès du « conseil de citoyenneté ». Il doit reconnaître ses torts. En outre, il sera suivi par son éducateur d’insertion. S’il recommence, il risque gros : retourner en IPPJ.
Au terme du conseil, Kevin a pris conscience de ses actes et a réalisé la réparation. Depuis, tout va bien dans la classe.
Kevin s’est même inscrit sur les listes électorales du prochain « conseil de citoyenneté », pour représenter les élèves du deuxième cycle durant un an. Il est également prêt à accepter le fait de ne pas être élu.

Explication du dispositif de prévention et d’intervention mis en place au sein de l’école ?
C’est grâce au dispositif « école citoyenne » que le problème a pu être résolu en douceur.
Ce dispositif mise sur l’intervention d’un « conseil de citoyenneté » composé de représentants élus : 4 élèves, 2 professeurs, 1 éducateur, 2 coordinateurs, le directeur, ainsi que 3 « mousquetons noirs » : « élèves irréprochables, qui ont obtenu toutes les compétences de savoir-être souhaitées ». Il faut un an et demi pour obtenir le mousqueton noir et jouer un rôle dans l’école. Au départ, on est « mousqueton gris ».
Au sein du conseil, l’école essaye de garder une équité entre élèves et adultes. Elle met l’accent sur le fait que la parole d’un élève égale celle d’un adulte. Il y a débat autour de la table et tout le monde est écouté.
L’origine de ce projet est de réagir préventivement à la violence en impliquant directement les élèves. Ils respecteront plus vite les règles de vie qu’ils mettent en place plutôt que celles qui leurs sont imposées.

IMPACT OF THE BULLYING ACTION:

Sur le parcours scolaire ? Sur la santé mentale ?
Dorian, la victime, a exprimé son « mal être » par sa nervosité, son renfermement et son souhait de ne plus venir à l’école. Le décrochage scolaire s’est manifesté par la destruction de son travail à l’atelier.
Kevin n’a pas changé d’attitude et ses résultats scolaires n’ont pas varié.

Sur la citoyenneté active et l’environnement scolaire (par exemple l’inclusion, la démocratie, la sécurité, etc.)
Tant la victime que les harceleurs ont été pris en charge rapidement grâce à la démarche « école citoyenne» instaurée dans l’établissement.
Le « conseil de citoyenneté » a été appelé à se réunir à plusieurs reprises et « les mousquetons noirs » sont intervenus comme médiateurs.

POINT OF VIEW OF VICTIM:

Sa perception des causes de l’événement de harcèlement ?
Le fait d’être un nouvel élève.

A-t-il informé quelqu’un ?
Il a informé sa mère qui a directement prévenu le Directeur.

De quelle aide a-t-il eu besoin et de la part de qui ?
« Les mousquetons noirs » l’ont soutenu et plus particulièrement l’un d’entre eux, membre de sa classe. Ce sont également eux qui, avec l’aide de l’éducateur, ont fait exprimer à Dorian son problème (après le contact entre la mère et le Directeur) le voyant énervé.
Personne n’a fait l’objet d’un suivi par le CPMS.

POINT OF VIEW OF BULLYING STUDENT(S):

Leur motivation, le choix de la victime ?
Les harceleurs voulaient montrer au nouvel élève « qui ils sont », qu’ils étaient des caïds dans l’école.

Ont-ils eu des remords ?
Non. Ils n’ont pas manifesté d’empathie à l’égard de la victime. Mais, ils ont fait des excuses sincères et ont pris conscience de la gravité de leurs actes.
Le deuxième et le troisième harceleur ont arrêté les faits dès la mise en garde du premier « conseil de citoyenneté ». Seul Kevin n’a pas compris le message, aveuglé par sa crainte de retourner en IPPJ.

POINT OF VIEW OF OTHER STUDENTS:

Etaient-ils conscients de ce qui se passait ? Ce qu’ils ont fait et pourquoi ?
Les « mousquetons noirs » étaient parfaitement conscients du problème. Ils ont soutenu la victime. Ils ont pris des initiatives à l’égard de l’agresseur pour essayer de résoudre le problème. Ils ont averti les responsables de l’école de l’échec de leur médiation.

Leur perception des causes ?
Les agresseurs abusent de Dorian parce qu’il est nouveau. Une manière de lui montrer qui ils sont et d’intimider, peut-être parce que eux-aussi sont passés par cette étape !?

POINT OF VIEW OF TEACHERS:

Etaient-ils conscients de la situation ? Qu’ont-ils fait ? Comment ont-ils compris ce qui se passait ?
Le titulaire de la classe est membre du « conseil de citoyenneté ». il a participé à l’ensemble du processus de résolution du problème.
Le professeur d’atelier a d’abord pris parti pour l’agresseur, car c’était un de ses élèves qui avait déjà assez de problèmes. Il a banalisé les faits : « quelques clopes ! »

Quelle coopération ont-ils reçue de la part des autres professeurs et de la direction ?
Le professeur d’atelier a été invité au « conseil de citoyenneté » et s’est rallié aux décisions prises.

POINT OF VIEW OF SCHOOL DIRECTORS:

Etaient-ils conscients de ce qui se passait ? Qu’ont-ils fait pour gérer cet événement ?
Le Directeur a été informé le premier des faits de harcèlement. Il a délégué la résolution du problème au « conseil de citoyenneté » qui a accepté de le prendre en charge. Il a participé au « conseil de citoyenneté ».

POINT OF VIEW OF THE PARENTS OF THE PUPILS INVOLVED:

Ont-ils remarqué ce qui arrivait ? Ont-ils été informés et par qui ?
La maman de la victime a été informée par son fils. Elle a directement pris contact avec le Directeur.
La maman de l’agresseur a été informée par l’éducateur d’insertion.

Ont-ils eu la possibilité de modifier la situation et comment ?
Les parents ne sont pas intervenus dans la résolution du problème. Ils sont informés de la démarche « école citoyenne » mise en place par l’école.

POINT OF VIEW OF THE COUNSELLOR IN THE SCHOOL:

Du fait de sa démarche « école citoyenne », l’établissement n’a pas fait appel aux conseillers externes, si ce n’est l’éducateur d’insertion de l’agresseur principal.
Cet éducateur a été associé à l’ensemble du processus de résolution du problème et a contribué à sa réussite.

POINT OF VIEW OF POLICY MAKERS:

Le Pouvoir Organisateur n’a pas été informé du cas de harcèlement.

CONCLUSIVE DEDUCTIONS:

Sur la véracité du harcèlement ?
Il s’agit bien d’un fait de harcèlement (racket, menaces, intention de nuire au plus faible) mais d’une durée très courte (15 jours).

Sur les causes de l’événement et le mécanisme qui a rendu possible le phénomène ?
L’arrivée d’un nouvel élève, dans une école où les trois harceleurs ont la réputation de « caïds » et de « rouleurs de mécaniques » a déclenché le harcèlement.
Le phénomène s’est très vite amplifié, car les faits se sont poursuivis en dehors de l’école et de tout contrôle.

Sur la réponse apportée par l’école ?
La démarche « école citoyenne » est intéressante car elle permet une résolution en douceur du problème. La recherche de solution se fait de manière progressive (on ne tranche pas dans le vif) et dans le respect mutuel.
L’école fixe les limites tout en préservant et en recherchant la valeur de chaque élève. La sanction est avant tout un outil de responsabilisation, de progression individuelle, de prise de conscience des faits, de leur gravité et de leurs conséquences. La sanction étant menée à son terme, elle prouve à tous que l’élève a compris sa faute.
Il faut que les adultes travaillent plus dans la prévention sans banaliser des détails qui ont toute leur importance pour la suite. Il faut rester cohérent, juste et rester dans un dialogue de prise de conscience tout en restant ferme. Ainsi, les jeunes comprennent mieux leurs erreurs et acceptent plus facilement de réaliser la réparation et leur punition qui montrent, par un geste envers la société, leur compréhension.

La réparation peut paraître légère. Mais, pour les responsables de l’école, elle peut être faible et avoir un grand effet, si elle vient de l’agresseur.
Si l’école avait opté pour une gestion plus traditionnelle de la plainte, celle-ci aurait probablement abouti à un renvoi définitif de l’agresseur principal, Kevin. Il n’aurait probablement rien compris et aurait peut-être poursuivi son harcèlement à l’extérieur de l’enceinte de l’école. Les conséquences pour la victime seraient encore plus importantes et peut-être plus douloureuses. Il y aurait peut-être moins d’ennuis à l’école, mais les responsables de l’école auraient simplement déplacé le problème, sans réellement faire leur travail d’éducation à fond.

Sur le type de réponse apportée par l’école (disciplinaire ou éducative) ?
L’école s’est inscrite dans un cadre purement éducatif. Ce dispositif innovant semble porter ses fruits.
Il faut souligner le rôle joué par l’éducateur d’insertion, conseiller externe associé à l’ensemble de la démarche.

Sur les enseignements tirés, sur les mécanismes de prévention mis en place pour que « cela n’arrive plus » ?
L’école essaye au maximum de rester dans la prévention et la même manière d’agir en cas de situations similaires.
Elle déconseille toujours aux élèves de régler leurs soucis à leur manière, ce qui arrive le plus souvent à la « loi du talion ».
D’où, elle réfléchit à un projet d’information des élèves (particulièrement dans le cycle inférieur), sur les bonnes réactions à avoir et la bonne démarche à suivre en cas de problème.
Par ailleurs, des séances d’information sur le racket, la drogue et les armes blanches sont également organisées par des personnes extérieures à l’école (ex. la police) qui connaissent bien les réalités de terrain. Ces personnes peuvent mieux conscientiser les élèves sur les bonnes réactions à avoir, mais aussi sur les conséquences de leur utilisation ou du « non-dit ».
L’école pourrait mettre en place un dispositif d’accueil ou de vigilance au-delà de la première année, Par exemple, en collaboration avec l’éducateur référent de niveau.
Le dispositif « école citoyenne » ne serait-il pas encore plus efficace avec un travail complémentaire mené par des intervenants psycho-sociaux ?

Comments about this Case Study


I Am Not Scared Project
Copyright 2024 - This project has been funded with support from the European Commission

Webmaster: Pinzani.it